Форум "Владимир Высоцкий. Творчество и судьба"

MARINA VLADY:
deux maisons, deux vies, deux pays

Samedi 15 février
Antenne 2
LES CHARMES DE L'ÉTÉ
Feuilleton avec Marina Vlady et William Coryn
20.35

ELLE a tourné soixante-trois films en vingt-cinq ans, mais elle n’a que trente-six ans. C’est précisément l’âge de Pauline, l’héroïne qu’elle incarne dans « Les Charmes de l’été », le nouveau feuilleton de Robert Mazoyer, le réalisateur des « Gens de Mogador » ; Marina Vlady, dit-il, lui prête naturellement sa beauté, son rayonnement et sa fraîcheur. Quant à Marina Vlady, elle se contente de penser qu’elle a de la chance parce que, en même temps, va sortir, au cinéma, son dernier film, « La Grande Dame du royaume » où, sous les traits de Madame de Parabère, elle apparaît dans un rôle totalement différent. Ce double retour vient après deux ans d’absence. Elle les a mis à profit pour étudier la chanson. Il est vrai qu’elle a épousé le chanteur comédien et compositeur russe Volodia Vyssotsky et qu’elle vit autant à Moscou qu’à Paris ; « J’ai tourné quelques films avec de jeunes metteurs en scène et c’était parfois une expérience passionnante, mais aucun n’a eu une véritable diffusion. Aussi petit а petit, je me suis aperçue que je perdais ma cote au box-office et que c’était très grave, A un moment, cela devient irréversible, et on ne sert même plus le cinéma qu’on aime, puis-qu’on a perdu sa valeur en tant que vedette. Il devenait important que le public me revoie. »
Quittant, pour quelques semaines, son appartement de Moscou et son mari, elle vient de retrouver la maison familiale de Maisons-Laffitte. Depuis la mort de sa mère, survenue il y a trois ans, elle a abandonné la bâtisse principale – une belle et calme demeure blanche – pour se « resserrer » dans deux pièces situées de l’autre côté du jardin. Les meubles y sont rustiques et peu nombreux. Dans le coin cuisine, voisinent d’innombrables pots d’herbes aromatiques. Dans le coin salon, une TV couleur est placée devant un confortable canapé bas.
« La télévision, dit-elle, est une ouverture nouvelle pour moi. C’est très important. J’ai refusé beaucoup de feuilletons parce que, s’ils sont médiocres, ils peuvent vous faire perdre en une soirée l’acquis de plusieurs années de travail. Si, en revanche, j’ai accepté de tourner dans « Les Charmes de l’été », c’est parce que j’ai grande confiance en Robert Mazoyer. J’ai commencé à faire du cinéma très jeune, j’avais onze ans. A vingt-quatre ans, j’ai amorcé, avec de l’avance, des rôles de femme de trente ans. Aujourd’hui, je me trouve dans une période intermédiaire, celle où je dois passer du stade de la très jeune femme à celui de la femme mûre qui connaît de vrais problèmes. Les emplois de ce genre sont rares et sont drainés par des comédiennes comme Annie Girardot ou Romy Schneider, qui a merveilleusement réussi sa carrière internationale.
» En plus, les gens s’imaginent toujours que je suis la « Princesse de Clèves », au point de croire que je lui ressemble dans l’existence. Pas du tout ! Je suis très gaie, j’adore la vie, recevoir des amis... La cuisine, pour moi, est une détente merveilleuse. J’invente des petits plats mijotés... et je les mange.
» Ayant l’habitude d'être toujours très bien habillée et bien maquillée à l’écran, je ne suis pas coquette dans la vie. Je me maquille très peu. Je n’ai jamais été à la mode, mais, parfois, avant la mode. Bien avant les hippies, je portais des blue-jeans et des chemises indiennes. »
Vêtue d'un pantalon rouge et d’une chemise brodée, Marina a jeté sur ses épaules un châle russe en fine laine noire imprimée de fleurs rouges. Le temps passe sur elle, adoucissant les contours de son visage.
« Je vis entre deux maisons, je suis partagée entre deux vies, deux pays. C’est assez compliqué. On s’imagine mal ma manière de vivre. Mes enfants sont Français et étudient en France. Vladimir, le cadet, dix ans, et Pierre, seize ans, sont en pension dans les Cévennes. Igor, l’aîné, vient de terminer ses études à Paris. Nous nous retrouvons surtout au moment des vacances, que nous passons au bord de la mer Noire. Mais, bientôt, j’aurai deux enfants en Russie, car Pierre fait de la musique et va entrer à l’Ecole du Conservatoire de Moscou. Igor fera sans doute des études techniques, également à Moscou. Je me sens comme à la maison, en Russie, sans doute parce que je parle couramment la langue.
» On s’imagine mal, en France, le bouillonnement culturel qui existe dans ce pays. Nous vivons, mon mari et moi, dans un milieu artistique. Rares sont les soirées où quelqu’un ne chante pas une chanson, ne récite pas un poème ou ne déclame un texte. Les théâtres font tous salle comble, ainsi que les cinémas. Mon mari fait un travail passionnant dans le théâtre d’avant-garde auquel il est attaché. »
Marlyse LOWENBACH